[VF] Green Buildings au Vietnam : atteindre les objectifs pour 2030 est intimement lié aux enjeux de la lumière
Dans le cadre du Green Growth Sector Committee (GGSC) de l’EuroCham, Jonathan Trouillon est intervenu ce mardi 7 Juin 2022.
Le comité sectoriel de la croissance verte d’EuroCham a organisé une conférence sur “Les bâtiments verts au Vietnam : où nous en sommes et comment nous atteindrons les objectifs en 2030”. Son objectif était de discuter du cadre juridique actuel régissant la construction écologique au Vietnam et de partager des initiatives dans les opérations de construction écologique. L’événement a été animé par le chef du groupe de travail sur la construction durable du GGSC, M. Sergio Pereira da Silva.
Ingénieur et juriste de l’environnement de formation, Jonathan Trouillon, devenu consultant expert lumière et entrepreneur dans le domaine social et de l’éclairage, a pris la parole afin de répondre à quelques questions liées à son domaine d’expertise. Ces questions sont reprises et adressées ci-dessous :
Première question : Qu’est-ce que la pollution lumineuse ? Quels en sont les enjeux et est-ce un nouveau paradigme ou une tendance ?
Jonathan : “La pollution lumineuse se produit lorsque la lumière artificielle – qu’elle provienne des logements, des entreprises, de l’industrie ou de l’éclairage public – affecte l’expérience visuelle la nuit. Cela gaspille de l’énergie et affecte notre perception du ciel. C’est à cause de la pollution lumineuse, par exemple, qu’il est quasiment impossible de voir les étoiles briller en ville la nuit.
Toute lumière artificielle qui n’est pas nécessaire est un polluant qui a des conséquences graves et négatives sur la faune, la flore et les hommes. En fait, on ne le “sent” pas forcément, mais la lumière nous affecte aussi nous, nos émotions et notre santé.
C’est donc bien plus qu’un paradigme, c’est un problème sanitaire et environnemental qui est peu connu et qui commence tout juste à être réglementé et normé.
La mauvaise nouvelle, c’est que la tendance actuelle est plutôt à sur-éclairer, à favoriser la mise en valeur architecturale et des produits plutôt que s’inscrire dans une approche frugale et durable de la lumière.
Ma conviction est qu’il est tout à fait possible, par exemple, de faire du luxe en éclairant simplement, avec raffinement et élégance et sans consommer davantage. L’excès, notamment en lumière, n’est pas souhaitable à tout point de vue.
Aussi, il y a un aspect social dans la lumière car tout le monde n’a pas les mêmes besoins. Il est essentiel d’assurer une équité et un équilibre lumineux qui puisse correspondre à tous. Par exemple, dans le cas de plusieurs générations sous un même toit, on veillera à faire en sorte que la lumière puisse s’adapter à chacun.”
Deuxième question : Comment êtes-vous passé de fabricant de lampes à entrepreneur & consultant en lumière responsable et durable ? Est-ce possible de passer de l’un à l’autre ?
Jonathan : “Oui, j’ai été impliqué dans différents métiers relatifs à la lumière, mais je crois beaucoup à la transversalité. Après avoir fabriqué, j’ai compris les enjeux relatifs au cycle de vie des lampes, au carbone et à l’efficacité énergétique relative à la lumière et au bien-être. Ces expériences ont été très formatrices, et m’ont permis d’apprendre des erreurs passées.
De par ma formation d’ingénieur et juriste de l’environnement, j’ai décidé de me détacher de la fabrication et d’utiliser cette matière lumière de manière plus libre, plus éthique et plus responsable pour participer positivement à la prévention de tout impact indésirable de la lumière sur l’homme et sur l’environnement.”
Troisième question : Que pensez-vous de l’objectif de réduire les émissions de carbone d’ici à 2030 ?
Jonathan : “Je dois dire que je suis pessimiste d’une part, parce qu’il y a un temps pour réfléchir aux lois climatiques, pour réformer et il n’y a malheureusement encore rien de clair et d’établi nationalement. Il y a aussi un temps pour aller voter, il y a un temps pour mettre en oeuvre et appliquer les normes et lois, notamment avec l’aide d’experts et de consultants dans la construction durable. Enfin, il y a un temps pour auditer et vérifier la conformité de ce qui a été fait. Tout cela coûte très cher et le modèle actuel prend une direction opposée.
Je suis cependant optimiste dans la capacité de l’homme à réagir et à s’adapter, mais il ne faut pas oublier l’irréversibilité environnementale. En bref, je crois que l’urgence climatique est réelle et c’est à nous tous d’agir à nos différentes échelles.”
Encore merci pour l’invitation et merci à toutes les personnes ayant participé à l’évènement et à son organisation.